Contexte
Dans un monde où tout semble corrompu, dictatorial et misérable, un royaume parmi tous se démarque et fait parler de lui. Protégé par une puissante magie, le Royaume de Yorokobi n'est ouvert qu'aux enfants, accessible sous séléction. Une fois que les portes du royaume vous sont ouvertes, vous pouvez recommencer une nouvelle vie, oublier vos malheurs d'antan et retrouver le goût de vivre. Attention cependant, car même le pays le plus beau, magique et merveileux, cache des sombres secret. Ne vous perdez pas dans la forêt Darkiwwod, ou vous n'en ressortirez jamais...
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    Le Prestidigitateur sans nom

    Wizard
    Wizard
    Messages : 1
    Date d'inscription : 01/10/2020
    Age : 27

    Ven 2 Oct - 2:15

  • Le Prestidigitateur

    Répartissez 20 points dans ces domaines :
    Magie : 10 | Rire : 2 | Peur : 8

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    Âge : 16 ans
    Sexe : Garçon
    Race : Demi-démon
    Clan : Inconstant
    Particularité : Porte constamment un masque d'argent et un maquillage ésotérique
    Métier/activité : Magicien Noir

    Personnage : Allen Walker - D.Gray-Man
    Physique

    A première vue, il pourrait sembler que la silhouette qui erre aux alentours de Yorokobi est celle d'un jeune homme. D'apparence plus âgé que la plupart de la population, avec un début de puberté reconnaissable à sa forme allongée et un peu molle ou trop souple, il n'est cependant pas bien grand, juste un peu plus que la moyenne des enfants, mais pas de quoi en faire un démon. Il se tient généralement les hanche en avant, les épaules en arrière, le dos courbé en S, en une posture désinvolte, parfois vouté comme s'il était fatigué. Mais l'on remarquera qu'il ne regarde jamais ses pieds : il soutiendra toujours le regard des personnes qui s'approchent de lui, et sera souvent vu à regarder le ciel, à marcher le nez levé, comme s'il était totalement détaché de la réalité. Sa démarche s'en retrouve influencée, il ressemble bien souvent à un funambule, marchant sur des œufs avec de grands pas vacillants. Certains pensent qu'il joue même quand il marche, mais ceux qui doutent de sa capacité à trouver du rire ou de l'amusement dans autre chose que la peur pourront souvent nier ce fait. Pourtant, sur son visage toujours traîne un sourire. Ce n'est ni un sourire chaleureux, ni un sourire mauvais, plutôt un petit sourire satisfait et connaisseur, comme s'il en savait beaucoup plus sur les autres qu'il ne le laisse penser. Et cela, couplé à son regard impossible à discerner derrière son masque, met souvent mal à l'aise ses interlocuteurs...

    En effet, celui qui est connu sous le nom du Prestidigitateur porte constamment sur le haut de son visage un masque en argent ciselé, donnant une apparence vénitienne en détaillant des longs cils sous ses yeux, des sourcils assurés et des perles sur son front. Le masque est plutôt de la forme d'un loup, ne couvrant que le haut de son visage jusqu'à ses pommettes et son nez, mais il ajoutera parfois une pièce inférieure pour cacher le bas de son visage dans certaines représentations spectaculaires. Il préfère cependant laisser une grande partie de son visage visible, son front compris, puisqu'il porte sur la partie gauche de son visage des maquillages ésotériques, étoiles renversées qu'il change occasionnellement, tantôt strictes et rougeoyantes, tantôt affutées comme des shuriken bleu argent, parfois même en traits irréguliers rappelant des pentacles. Le maquillage se termine en longue larme sous son œil, rappelant un peu un clown triste. Mais comme dit plus tôt, le plus troublant sur son visage pâlichon est probablement son regard : le masque le dissimule totalement, le faisant paraître noir comme s'il n'y avait qu'un vide au travers. Il s'amusera parfois à y enfoncer les doigts avec un rire dément, dévoilant un véritable néant, et parfois au contraire ces orifices deviendront blancs, brillant dans le noir comme des phares.

    C'est probablement un de ses traits démoniaques les plus évidents. Si Wizard, de son petit surnom, n'est pas intégralement transformé en démon, lui permettant de se glisser parmi les clowns de Yorokobi sans éveiller immédiatement les soupçons, il a cependant subit assez rapidement dans Darkiwood des transformations irréversibles et inquiétantes. Ainsi, ses cheveux ne sont plus réellement des cheveux, mais des épines d'argent blanc. Cela surprend parfois les spectateurs, lorsqu'il en arrache, dévoilant des armes de jet assez spectaculaires ; en contrepartie, il s'en veut très vite quand il se donne un coup de tête contre une surface en bois, puisqu'il sera souvent bloqué dans cette position jusqu'à réussir à se déraciner les cheveux de l'objet-dit. Il possède également des dents acérées sur toute sa mâchoire, ainsi que de longues griffes noires qui ont remplacé ses doigts, et la noirceur de ces ongles est remontée sur une partie de ses mains. Pour les camoufler, il portera de longues mitaines qui donnent l'impression qu'il possède des gants étranges. Il n'a aucunement perdu d'habileté avec ces nouveaux membres, au contraire il semble toujours plus rapide pour mélanger les cartes. Ses pieds ont également pris la forme de pattes d'oiseau, noires et griffues, larges et lourdes. Il les cache sous de grosses chaussures, pas trop complexes à trouver dans une cité de clowns, ainsi que des culottes bouffantes ou des pantalons pattes d'éléphants qui suivent la courbure de sa tenue.

    Wizard aime beaucoup les tenues voyantes. Il porte le plus souvent d'ailleurs des éléments très kitchs, dont le plus évident que ses spectateurs lui connaissent le mieux est un col de plumes, tantôt blanches, tantôt noires, parfois multicolores selon le thème de son spectacles, mais qui lui ont valu le surnom de "pigeon" pour ceux qui le considèrent comme un nuisible envahissant puisqu'il n'est plus en effet humain ni réellement membre de Yorokobi. Il s'en rit, ornant parfois son masque d'un bec, ajoutant souvent des plumes à sa tenue. Un de ses gimmicks est bien souvent de ne pas porter de manches longues, préférant les manteaux sans manches ou à manches courtes, pour faire sembler ses tours plus véridiques. Ainsi, il portera souvent des gants montants, arrivant au dessus de ses coudes voire jusqu'à ses épaules. Il n'abandonnera également jamais son plaisir de magicien, à savoir de porter une longue cape ou un manteau long, souvent reliés à ses plumes. Il apprécie les motifs en losange principalement, ainsi que les motifs d'écaille, mais généralement ses gants et sa cape seront de couleur unis, en blanc, en violet ou en noir. Il portera parfois des nœuds rayés, des fraises de clown, et lors de certains tours appréciera d'avoir un grand chapeau haut de forme assorti à sa cape.


    Caractère

    Un Nuisible Envahisseur. C'est ainsi que nombre d'habitants de Yorokobi, habitués à craindre les monstres et les démons, décrivent ce vagabond qui traîne aux abords de Yorokobi. Pourtant, nombreux sont aussi ceux qui essaient de l'accepter et qui sont curieux à son propos, aimant observer ses spectacles et voulant croire à un retour à la normale. Mais ce n'est pas si facile pour une personne qui a décidé de quitter d'elle-même à l'origine Yorokobi. Ne faites pas confiance au premier venu mes moineaux, car en effet le Prestidigitateur n'est pas un ange, au sens le plus littéral du terme. La première chose qui transpirera des discussions hors-spectacles avec lui est qu'il est quelqu'un de mesquin et moqueur. Il ne rit pas avec les gens, mais souvent des gens. Il aime toucher le point sensible et connaître les faiblesses des gens, et ne joue pas selon les règles généralement. Les coups bas sont monnaie courante pour lui, si cela peut lui être avantageux. Contrairement aux habitants de Darkiwood cependant, et en effet, il ne cherchera pas à se divertir de la souffrance des autres, mais cela ne veut pas dire non plus qu'il apprécie de les voir heureux ; il est plutôt égocentré, son moral passe avant celui des autres, et piéger et voler fait partie de son métier. Enfin, je veux dire, jouer des tours et emprunter des objets, bien entendu...

    Il ne s'adapte pas bien de ce fait à la société et aux groupes, il n'a pas l'instinct grégaire, mais n'a cependant pas non plus de réelle tendance solitaire. On pourrait plutôt dire qu'il est comme un loup : il aime avoir sa meute, dont il se voit généralement plutôt l'alpha. En effet, il se montre quelqu'un d'organisé et de stricte, capable de mener les autres avec stratégie. Il sait parfaitement monter un spectacle, cette partie du travail ne le dérange pas puisqu'il aime prendre des décisions et n'a aucun mal à faire des choix. Il sait juger le caractère des gens assez aisément, et s'adaptera facilement aux situations. Cependant, cette assurance et cette souplesse font également de lui quelqu'un de particulièrement hautain, qui vois d'un assez mauvais œil les amateurs. Il déteste quand certains lui demandent de lui apprendre des choses, il hais plus que tout les apprentis. Vous apprenez par vous-même et rapidement, ou vous restez derrière à la traîne et abandonnez. Vous êtes parmi les grands, ou vous allez mourir dans Darkiwood... Simple.

    Cela démontre chez lui un comportement extrêmement rancunier. En effet, il semble rejeter sur les habitants de Yorokobi la faute de l'avoir laissé aller dans Darkiwood. Bien entendu, la plupart du peuple de Yorokobi est attentif et cherchera à dissuader les enfants d'aller dans cette forêt, mais il ne fait pas partie des enfants qui y sont allés par simple curiosité. Wizard s'est en effet senti délaissé, abandonné et perdu. Il avait l'impression d'être emprisonné dans ce monde, pointé du doigt de certains, et finalement ne parvenait pas à s'intégrer ; tout les êtres ne sont pas foncièrement capables de s'adapter au monde, et le monde n'est pas toujours capable de s'adapter à certains. C'est donc dans un accès de folie qu'il s'est enfuit dans la forêt, une forêt qui ne lui a étrangement pas fait peur... Et il accuse chacun des habitants de Yorokobi de cet événement. Il sera très rancunier, mais aussi susceptible, n'acceptant pas qu'on le contredise sur quoique ce soit, que ce soit son passé ou son présent, et prenant mal la plupart des critiques négatives et autres remarques. Tout ce qui lui semblera aller à l'encontre de sa liberté aura tendance à l'irriter au plus haut point.

    Car en effet le Prestidigitateur est quelqu'un qui a choisi la liberté, qui à choisi d'être son propre maître et surtout de vivre avec le vent. Il est décrit comme un preneur de risque : ce n'est ni le rire ni la peur qui le passionne, mais le frisson. Il aime l'adrénaline, la sensation d'être prêt à tomber dans le vide à tout instant. Le funambulisme à l'état d'adage. Il se passionne pour le danger, et aime terrifier son public par des accidents spectaculaires, les plongeant dans un looping de sensations. Cependant, s'il se passionne plus pour le spectaculaire, le beau, l'extraordinaire, le sensationnel en somme, il fera parfois des écarts très mal vus par ses semblables. Etant parvenu à participer à un spectacle de Darkiwood, il a tout de même goûté au plaisir de l'enfreinte. Le viscéral, le cru, souvent sanglant, pourra parfois transparaître dans certains de ses spectacles ; il qualifie cela d'autres accès de folie, justifiant que son esprit est déséquilibré, et que ce ne sont que quelques accidents, qui cependant sont évidemment vus comme illégaux et lui vaudront une réputation criminelle. Malgré cela, il n'est pas prêt à abandonner ses actions. Car Wizard est quelqu'un d'entêté, qui ne baisse jamais les bras et continuera de pousser face au mur. Cela pourra s'avérer vain, il poursuivra malgré tout son but avec plein d'espoir.

    Mais Wizard n'est clairement pas fait pour alimenter seul un spectacle à Yorokobi. Il en est conscient, puisqu'il cherche des élus pour rejoindre son cirque itinérant. Pourtant, malgré sa conscience, il continue de s'enfoncer dans des situations qui montrent son inadaptabilité au reste de Yorokobi : il prend beaucoup de blagues au pied de la lettre, et aura un humour considéré unanimement comme mauvais. Il n'est tout bonnement pas drôle, son divertissement est spectaculaire et non amusant, et s'il se risque parfois à tenter de faire rire ses interlocuteurs il parviendra plus généralement à s'attirer au mieux un sourire nerveux et consterné, au pire des huées et exclamations de dépit. Evidemment, il ne manquera pas de prendre très mal ces remarques... Il semble avoir des problèmes à établir une entente sociale avec autrui, probablement à cause de son comportement hautain principalement, mais il laissera parfois transparaître au milieu de son allure très mature et mystérieuse un comportement très adolescent, presque gamin, qui généralement signifiera que la personne avec qui il échange lui est précieuse, qu'elle a vocation à être une amie voire, qui sait, une partenaire dans son cirque ?

    Revenant cependant à son comportement général, en effet le Prestidigitateur sera décrit comme un séducteur. Sombre et mystérieux, il a un ton de voix satisfait comme son sourire. Son pragmatisme, sa capacité à jouer tout aussi bien de ses mots que de ses mains ainsi que son charme de meneur font de lui quelqu'un de naturellement attrayant, de charismatique en somme, mais aussi d'envoûtant. On dira souvent de lui que ce côté aguicheur lui vient de son côté démoniaque, mais étrangement il semble surtout que cela s'assortisse au mieux avec son comportement joueur et preneur de risque. Il aime les jeux de hasard, plus que tout, et pour lui la vie et le social sont des jeux de hasard. Il fait des paris sur toutes ses rencontres, mais comme dit plus tôt s'il est joueur il ne joue aucunement selon les règles. Il serait plutôt un éternel tricheur, et cela compte aussi pour la sociabilisation, où il sera menteur et manipulateur. C'est probablement pour cela qu'il se montre si différent et rebelle à l'égard des gens qui lui sont proches, créant une coupure nette entre son comportement de magicien gentleman et son véritable lui, l'enfant qui a perdu son courage et son nom en entrant dans la forêt.

    Ainsi le Prestidigitateur est une figure changeante et incontrôlable, libre comme le vent, et qui cherche à devenir fort pour cacher ses faiblesses passées. Il est l'inconstance, l'inconnu éternellement imprévisible.

    Histoire

    Il y a des personnes qui décident de se débarrasser de leur nom pour se débarrasser de leur passé. Et il y a ceux qui, comme Noriaki Sawa, ont perdu leur nom parce qu'ils ont perdu leur passé. Né de parents aimants et très amoureux, Noriaki avait tous les ingrédients nécessaires dans sa famille pour vivre une vie heureuse normalement. Sa mère était attentive, forte, un peu excentrique probablement, mais elle souhaitait aussi partager avec lui un maximum de connaissances et était une éducatrice sévère. Son père était plus discret, un peu absent parfois, très rêveur, mais chacun de ses mots avait le poids du savoir et de la sagesse, il êtait extrêmement empathique et intelligent. Il vivait également avec son grand-père, un peu grognon, mais fort et juste. Entouré de ces trois personnes, il aurait dû être un enfant normal, heureux...

    Mais la famille Sawa ne vivait pas dans un monde où le bonheur se résume à un bon contexte. Chaque jour était une chasse pour gagner son pain, chaque rencontre était un combat pour savoir si l'on serait la bête ou l'agneau. Poussé à devoir devenir un voleur pour aider sa famille à survivre, plus par la volonté d'être discrets et oubliés des autres que par réel manque de possessions, Noriaki fut entraîné à ces intentions. Il était un garçon intelligent et mature malgré son apparence jeune, avec une tignasse rousse rebelle, de grands yeux gentils, un air un peu impétueux parfois. Il était probablement trop gentil, ne voyait pas le mal dans le monde, et à la fois portait sur ses épaules tout le poids de son devoir. Ainsi que tout le traumatisme lié.

    Chaque jour était un jour où sa mère lui tendait des pièges, pour qu'il les désamorce. Augmente sa force, sa vitesse, sa souplesse, sa discrétion... Elle était telle la lionne qui jette ses petits depuis le haut d'une falaise pour les forcer à grandir. Mais malgré tout, Noriaki l'aimait. Plus que tout. Pouvoir sentir ses bras l'encercler quand il avait besoin de son affection si tendre, il n'y avait rien de plus beau. Alors quand ces bras sont devenus froids, qu'il ne resta de chaleur que le liquide vermeille qui coulait sur le front de Noriaki pendant qu'il essayait désespérément de la tenir debout en criant, une partie de son coeur était parti avec les battements de celui de sa mère. Une punition, paraissait-il d'après l'homme qui le fit. Car elle avait voulu lui tenir tête, il fallait que la famille paie un tribu de sang. Ce fut Noriaki qui dut enterrer sa mère de ses propres ongles pour que les animaux errants de la rue ne viennent pas la dévorer. Il ne l'enterra pas assez profondément cependant. Il s'en porta lui-même responsable quand un rat traîna un reste d'os devant chez eux sous son regard vide.

    Peu à peu, il devint plus difficile de sustenter aux besoins de la famille et de se cacher. Noriaki s'éloigna du quartier principal, les gens devenaient plus prudents dans les petites rues. Il dû s'adapter et commença à s'entraîner à la magie de rue. Qu'est-ce qui mena le garçon à essayer ceci ? Il était habile de ses mains, habitué aux gadgets et à l'inattendu. Pour lui, il n'y avait pas tant de solution, il ne s'agissait pas réellement d'une découverte de son rêve, de l'explosion d'une passion dans son coeur. Non, ce n'était qu'un moyen de survie. Tromper les yeux pour gagner. Gagner des dons, gagner des vols fait aux personnes subjuguées par ses tours. Et surtout gagner en sachant fuir de toute son âme quand la milice accourait, armes en main, pour le chasser et l'enfermer. Savoir dormir dans un sous-sol ou un égoût quand il ne pouvait pas rentrer chez lui. Savoir sembler toujours impassible malgré les douleurs, pour faire oublier la réalité aux spectateurs...

    Ce fut peut-être en essayant de refouler tout son mal que peu à peu celui-ci grandit, et qu'il se mit à avoir des visions. Il voyait occasionnellement du coin de l'oeil ces silhouette, des ombres bestiales aux dents longues et aux yeux creusés. Lorsqu'il pensait les avoir vues cependant, elle se retournaient et rampaient à toute vitesse dans l'ombre, comme des serpents se mouvant dans les airs, ou comme des volutes de fumée épaisses. Il commençait peu à peu à se sentir observer quand ces ombres apparaissaient, jetait des coups d'oeil réguliers par dessus ses épaules même quand aucune milice ne pouvait l'avoir suivi. Il entendait parfois des bruits. Un clapotis d'eau. Il avait l'impression de n'entendre que ça comme s'il avait été coupé du reste du monde et se trouvait dans une grotte. Plic... Ploc...

    En rentrant chez lui le soir, il commençait à entendre parfois une voix qui lui parlait. Son grand-père n'était pas là, probablement était-il encore chez eux. C'est vrai... Ils l'avaient abandonné n'est-ce pas ? Son père et lui, quand sa mère était morte. Ils s'étaient enfuis, et le grand-père n'avait pas voulu le suivre. Il était resté là-bas... Noriaki n'en avait plus jamais entendu parler. Est-ce qu'il était mort ? Non, probablement pas, malgré son âge il restait fort. Il restait... Utile. Oui, il était probablement en esclavage. Alors Noriaki, se rappelant des souvenirs qu'il enfouissait au fond de lui pour travailler, montait dans sa chambre, se posait devant un morceau de miroir brisé, et commençait à parler. Il se mettait à parler aux voix dans sa tête. Pour ne pas se sentir seul.

    Devenant chaque jour plus habile, il se mis peu à peu à développer des capacités de vol plus accrues. Il se mit à faire du vol à la sauvette, manquant plusieurs fois de se faire attraper par les milices, mais parvenait toujours à fuir sur les toits, et changeait de quartier tous les jours pour ne pas se faire retrouver. Il devint toujours plus discret, puis se mis à faire du pickpocket. Il parvenait à glisser sa main entre les alarmes attentives des passants, leur subtilisant bijoux, repas... Il se sentait comme le roi des rue. Il était si confiant. Ce n'était pas comme ce pauvre Noriaki qui pleurnichait tous les soirs devant son reflet. Peu à peu mis en confiance par ses capacités et ses histoires nocturnes, Noriaki avait laissé place à une nouvelle personnalité. Il se mettait à avoir des découpes de plus en plus nettes entre le lui magicien voleur, et le pauvre garçon abandonné. Entre Noriaki et le Prestidigitateur, comme il décida de l'appeler.

    Un jour, alors qu'il volait près d'un quartier d'esclavagiste, il récupéra un petit objet. C'était un petit oiseau en cristal, si joli et si fin... Il le ramena chez lui et l'exposa au dessus de son miroir, satisfait de sa trouvaille. Mais là nuit, alors qu'il allait faire un tour à la pleine lune, profitant de sa lumière qui l'empêcherait de se faire attraper par les milices et chasseurs nocturnes, il entendit un bruit de fracas. En revenant à sa chambre, il trouva, perchée sur son étagère, une jeune fille avec des traits d'oiseau. Elle dit s'appeler Eternité. Elle était un esprit enfermé dans le cristal, une sorte de feu-folet qui n'était visible que dans les ombres. Est-ce que c'était encore une personnalisation de sa folie ? Peut-être. Le Prestidigitateur voulait croire cependant que ce n'était pas un simple délire schizophrène. Il devint ami avec la jeune enfant, et tous deux devinrent partenaires de vol.

    Ils se mirent à planifier des vols à plus grande échelle. Plutôt que de voler dans les rues et les ruelles, ils choisirent des bâtiments où ils pourraient trouver des objets précieux, parfois ésotériques. Ils organisèrent ces vols de façon spectaculaire, usant de tours de passe-passe, de manipulations pour ne pas se faire attraper. Le nom du Prestidigitateur se mit à courir dans les rues, dans les paroles et les milices. On se mettait à le chasser, à le traquer. Mais il s'envolait sans laisser de trace... Du moins, ce fut le cas les premiers mois. Quand une ville entière est à vos trousses et qu'une nuit vous dérapez et ne réussissez pas à prendre la poudre d'escampette, quand vous êtes en haut de la falaise pour de vrai cette fois-ci... Est-ce que vous êtes prêt à faire le saut ?

    Quarante mètres séparaient le haut de la falaise et l'eau qui se trouvait en bas. A cette hauteur, la force d'impact avec l'eau est similaire à celle avec un sol de béton. Il était persuadé d'être mort. Se réveiller sur la plage plusieurs jours plus tard, sans que personne ne l'ait trouvé... Quelles étaient les chances ? Est-ce que son rêve avait un rapport avec ça ? Il y avait cette grande ville colorée, ces gens souriants, heureux... Il ne savait pas réellement les définir à ce moment puisqu'il n'avait jamais connu ça. Mais il n'y avait pas de milice, pas de couleurs sombres. Pas d'adultes. Il ne semblait pas pouvoir leur parler ou les atteindre, dans son rêve il était si loin, il pouvait les entendre comme s'il eut été à côté et pourtant son corps physique restait toujours plus loin, comme si tenter de s'approcher l'éloignait toujours plus. Ces fées, ces dragons, ces sirènes... Etait-ce encore un tour de son esprit ?

    Il aurait voulu que non, lorsqu'il rentra chez lui, envelopé dans sa cape pour cacher ses blessures. Tout était brisé, tout était retourné. La milice était passée, et avait tout détruit. Et, près de son miroir en poussière, brisé en cinq morceaux, se trouvait un petit oiseau de cristal méconnaissable. Ils avaient brisé Eternité. Le Prestidigitateur se laissa tomber à genoux, prenant Eternité entre ses doigts. Il n'entendait plus sa voix claire et assurée, il ne voyait plus son petit regard de princesse supérieure, ni son petit nez pointu et ses longs cheveux comme des ailes de moineau. Elle n'était plus là pour se moquer de lui les soirs où il avait des courbatures à force de se glisser dans ses cachettes. Elle n'était juste... Plus du tout.

    Plusieurs jours passèrent en vérité après cela. Il ne se nourrit pas, ne se soigna pas. Il resta couché entre les tessons de son miroir, souhaitant se laisser mourir. Combien de temps encore faudrait-il avant qu'il ne lâche tout ? La soif l'avait eu emporté sur lui, son instinct de survie l'avait poussé à boire un peu. Mais il n'avait plus à manger, et plus le coeur de sortir. Il jouait avec les morceaux d'Eternité entre ses doigts, les faisait rouler dans sa paume. Elle n'était plus. Il voulait partir... Très loin... Peut-être dans cette jolie ville colorée ? Avec ses enfants qui riaient, qui se maquillaient, se couraient après, jetaient des rubans et des confettis. Ce serait peut-être amusant, là, au soleil, comme dans ses rêves. Est-ce qu'il pouvait se permettre d'avoir des rêves si doux, sans Eternité ? Est-ce qu'il pouvait vraiment vouloir en être ?

    Il se posait encore la question au fond quand il se trouva face à Delphi, ce petit dauphin étrange qui lui souriait de tout son coeur. Est-ce que c'était juste l'autre côté après la mort ? Une sorte de purgatoire pour les enfants, qu'ils avaient repeint à leurs couleurs ? Wizard, de son nouveau nom que Delphi lui donna, regarda ses mains gantées, propres, immaculées. Est-ce qu'il était finalement mort ? Il regarda Delphi d'un air un peu perdu, alors que le petit dauphin lui annonçait qu'il pouvait refaire sa vie, sans jamais craindre l'âge et la tristesse, à Yorokobi. Il ne savait pas dans quelle mesure cet endroit lui était autorisé, avec tous ces enfants qui voulaient être ses amis. Il se sentait perdu, un peu trop grand parmi ces petits bouts de chou, un peu trop sombre parmi ces petits éclats de soleil.

    Ce sentiment persistait quand il marchait à travers la ville avec ses chaussures trop grandes. Il avait encore l'impression, comme dans son rêve, que s'il tentait de s'approcher son corps finissait par s'éloigner. Pourtant, enfin, il se trouvait bel et bien physiquement devant eux. Il pouvait les toucher, leur parler. Mais n'y parvenait pas. Est-ce que Noriaki aurait mieux réussi que lui dans cette tentative ? Est-ce que lui aurait été regardé comme ça ? Lorsqu'il y eu un vol dans la ville, les enfants cherchaient le coupable, chuchotant entre eux. Il n'aurait pas dû être là, à plusieurs mètres à les regarder. Chaque seconde, dans son silence, il avait l'impression qu'il se faisait regarder comme le coupable. Après tout, il était un voleur avant. Il s'éloigna, dégoûté par ce premier contact échoué. Il était là depuis... Combien de temps déjà ? Trop pour considérer qu'il fut encore dans un rêve. Pas assez visiblement pour pouvoir avoir l'accord de participer aux activités des cirques, ni pour avoir la confiance des enfants.

    Il marcha, encore et encore, sans s'arrêter. Le paysage s'était assombri. Cette pénombre, elle lui plaisait un peu. Il aimait bien marcher entre ces grands arbres crochus, un peu comme les toits des maisons chez lui. Il n'était plus chez lui, ni même à Yorokobi, mais franchement, quel mal y avait-il dans ce Darkiwood qui puisse être pire que l'endroit d'où il venait, ou pire qu'une solitude due à des ententes hypocrites et des regards de manque de confiance ? Il arriva dans un grand cirque, curieux de voir une telle bâtisse au milieu de la forêt, et y entra. Le spectacle à l'intérieur était sordide. Des démons chassaient les enfants en riant, des vampires jouaient avec des liquides vermeilles et des outils d'ivoire. Les dragons crachaient des flammes et poussaient des cris seulement surpassés par les sifflement des faucheuses. Il y avait quelque chose de fascinant dans ce spectacle pourtant beaucoup trop familier. Comme si la réalité si froide avait rencontré le monde de la magie.

    Wizard alla demander aux tenanciers du cirque à pouvoir faire une représentation. Il se serait attendu à se faire rejeter, mais lorsqu'il chercha une excuse à sa condition d'enfant humain, le présentateur se mit à rire, avec une hilarité presque vexante. Il s'empara d'un miroir et lui renvoya son reflet. Devant son regard choqué, il vit son visage devenu pâle, ses cheveux devenus blancs et solides. Il vit ses longues dents, et ses yeux rougeoyants. Est-ce qu'il était devenu un monstre déjà ? Le présentateur lui expliqua qu'il ne faudrait pas plus que quelques heures avant qu'il n'ait fini de devenir ce qu'il devait être, et qu'il n'y avait aucun souci, à ses yeux, dans le fait de laisser un jeune démon faire un premier essai. Un jeune démon n'est-ce pas ? Wizard ne savait pas comment accueillir cette nouvelle, mais après tout, qu'est-ce qui le changeait réellement d'avant ?

    Il fit donc cette nuit-là une représentation. Aujourd'hui, il refuserait sans doutes de vous en parler. Aucun de ses tours ne fut un désastre, aucun de ses pas ne fut faux, il avait réussi à maîtriser la magie avec une telle habileté qu'il laissait douter de son inexpérience. Mais lui, dans sa tête, était terrifié. Il n'était pas terrifié par les tours, par les démons, par les monstres autour de lui. Il n'était pas terrifié par tout ce qui pouvait être glauque, morbide, glacial dans ce chapiteau. Ce qui le terrifiait, c'était le visage des enfants. Ces enfants juste perdus, qui se demandaient où ils étaient. C'était cette expression qu'il avait toujours eu à Yorokobi. Alors que le présentateur s'approchait de lui à terme du spectacle pour lui proposer de reproduire son oeuvre le lendemain, Wizard se mit à crier en tenant sa tête, horrifié, et s'enfuit sous les rires des autres artistes. Qui aurait voulu se voir tous les jours dans un miroir ? Voir son propre reflet ?

    Voir sa naissance éternellement ?

    Il courru ainsi à travers tout Darkiwood, sur tout le chemin inverse de celui qu'il avait fait ce matin-là. Il courru même quand ses jambes lui parurent si lourdes, et que ses chaussures lui semblèrent si serrées. Il courru même quand ses gants se déchirèrent, et que ses yeux se mirent à pleurer. Il courru jusqu'à-ce que l'orée de la forêt lui apparu... Et alors, là, entre l'ombre des arbres et celle des bâtiments, sur ce petit sentier juste entre les deux, où il semblait que les deux ombres s'étendaient pour s'entredéchirer... Il s'agenouilla, silencieux. Où est-ce qu'il devait aller s'il n'y avait nulle part pour lui ? Il resta longuement comme ça, espérant un peu que quelqu'un approche. Peut-être que Delphi reviendrait l'accueillir ? Le récupérer malgré tout ? Mais ce qu'il lu sur le visage des enfants dans les rues plus loin, ce fut de la terreur. De l'horreur face à son visage déformé.

    Forcé de se cacher après avoir été chassé par les enfants, Wizard trouva un recoin à la frontière entre Darkiwood et Yorokobi. Il trouva une cape et un masque, les façonna pour ne pas être reconnaissable, et chercha des gants pour cacher ses griffes. Alors qu'il était en train d'essayer de trier ses cartes, mélancolique, il vit une enfant s'approcher. C'était une petite fille, blonde, avec de grands yeux clairs. Comme Eternité... La voyant le fixer avec ce regard si curieux, il lui afficha un petit sourire discret, ne voulant pas montrer ses dents acérées. Il pris les cartes en main, et se mit à lui faire un tour. Un simple tour de passe-passe, sans magie, sans peur... Les yeux de la petite s'illuminèrent, et elle se mit à rire et à applaudir. Son sourire... Ce fut le premier accueil chaleureux qu'il eut à Yorokobi. Il était le bienvenu.

    Wizard se mit alors à errer entre Darkiwood et Yorokobi, ne pouvant retourner dans l'un s'il ne voulait pas devenir une créature méconnaissable, et ne pouvant pas entrer dans l'autre dans laquelle il se faisait chasser dès qu'on découvrait qui il était. Il ne voulait pas vivre ni à Darkiwood ni à Yorokobi de toutes façons. Occasionnellement, il profitait de son costume pour entrer un peu à Yorokobi faire quelques emplettes, ou faire un petit spectacle en dilétante. Mais la plupart du temps, il se plaisait sous les applaudissements des enfants discrets et timide de la frontière. Il faisait le tour de la ville, riait au nez de ceux qui cherchaient à le faire partir, et faisait rire ces enfants si curieux de voir ce grand garçon masqué. Occasionnellement, il faisait un spectacle la nuit, prenant des risques sur les toits, dansant sur les nuages... Il entendait parfois des cris de son public, mais ce n'étaient pas les cris stridents et terrifiés du cirque de l'horreur, ni ceux hilares du cirque joyeux. C'était ceux du cirque que lui voulait faire. Un cirque libre, itinérant, pour les âmes perdues, une maison pour lui et les autres artistes.

    Pour une voyante, une clown, deux lanceurs de couteau, une funambule, un dresseur de dragons. Un cirque qui jouerait à la lumière de la lune, et vivrait comme une petite famille.

    Le Cirque Nocturne.

    Derrière l'écran

    Euh y'a un calendrier collector d'une websérie et quelques livres : Manon Lescaut, Les Hauts de Hurlevent, Le Meilleur des Mondes, Les Montagnes Hallucinées... Attends, c'était quoi déjà la question ? 201002123736471807.gif
    Lost Heart
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    Dim 18 Oct - 18:49

  • J'adore ton perso ! Personnellement je valide. Il est complexe, intéressant, charismatique, je kiffe. Personnellement je valide, à voir avec Delphi s'il est du même avis !
    Delphi le Clown
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    Localisation : Au château de Yorokobi

    Dim 18 Oct - 19:23

  • Pareil pour moi! J'ai adoré la référence que tu as fait aux goules (qui se font aussi appelé faucheurs) Smile je valide sans attendre! Smile
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